À Brest, l’émouvante inauguration d’un accueil de jour par le médecin et explorateur Jean-Louis Étienne


C’était un petit discours tranchant et drôle, formidable d’humanité. Pour l’occasion, face au ruban rouge inaugural et aux bâtiments tout neufs, jeudi 7 novembre 2024 à Brest, Jean-Louis Étienne est sorti de son rôle habituel. Car c’est de lui, et spécialement de cet enfant que rien ne prédestinait à un si brillant parcours, dont il a parlé. Ici, dans ce Ditep (dispositif de l’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique), ce sont aussi des enfants que rien ne prédispose aux voies classiques qui viennent chercher de quoi se remettre d’aplomb. Sans langue de bois, Padrig Guéné, responsable du service de l’accueil de jour, explique. « Ce sont des gamins de 6 à 18 ans qui étaient scolarisés, mais qui souffrent de troubles psychiques ou psychiatriques qui les empêchent de poursuivre normalement. L’idée est de leur permettre de se soigner mais aussi de se ressourcer pour envisager leur avenir ». Entouré de médecins, mais aussi d’éducateurs et d’enseignants spécialisés, l’enfant est alors aidé pour se reconstruire peu à peu, et parfois même réintégrer un parcours scolaire. « Ce qu’il faut, c’est ne plus les mettre en situation d’échec », poursuit le responsable. L’accueil de jour du Ditep ne milite que pour ça.

« Il fallait rester dans le quartier »
Et c’est donc maintenant à Pen-ar-Créac’h que l’affaire se tient. Depuis des années, le service était basé rue de Douarnenez, derrière le stade, avant qu’il soit décidé d’occuper cette parcelle qui appartenait naguère à l’évêché pour partie et à Don Bosco pour l’autre. « C’était important de rester dans le quartier », note Roger Abalain, un administrateur qui se réjouit de cette modernisation spectaculaire comme il se réjouit de la venue de Jean-Louis Étienne qui était déjà le parrain de cet institut depuis plus de 30 ans.

Parrain depuis 1993
Depuis 1993 exactement. « Votre invitation me touche beaucoup », répond l’explorateur qui s’attarde sur ce gosse atypique qu’il fût pour insuffler une belle énergie. Prédestiné à rien et tombé par hasard dans les maths alors qu’il était en CAP d’ajusteur, voilà l’histoire. Celle qui l’a amené du CAP au bac, de la médecine à la chirurgie et aux grandes explorations, celle qui lui dit encore en forme de morale que « l’autorité, quand on est obligé d’en user, c’est qu’on l’a perdue. L’autorité, c’est chercher dans l’autre ce pour quoi on l’a engagé ».
« Une responsabilité réelle »
On jurerait presque qu’une larme a coulé de ses yeux au moment de conclure. « Bien sûr que c’est émouvant », confie-t-il quelques minutes après, un peu à l’écart de la foule qui se presse pour l’inauguration. « Quand on donne son nom à ce type d’établissement c’est une responsabilité réelle, on devient une sorte d’exemple. Ce que nous avons fait devient inspirant pour le public accueilli ». Au cours de sa vie riche de rencontres et d’exploits, il affirme pourtant que sa plus grande récompense est quand quelqu’un vient lui dire qu’il l’a lu ou entendu. Peut-être un jour, un des gosses du Ditep brestois le fera.