L’insertion sociale et professionnelle des jeunes majeurs est-elle possible ? Juin17

L’insertion sociale et professionnelle des jeunes majeurs est-elle possible ?

L’insertion sociale et professionnelle des jeunes majeurs est-elle possible ?

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Le 5 mai dernier, la Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et des Adultes du Finistère (l’ADSEA 29) organisait dans son centre de formation pour les acteurs du travail social (l’ITES) une journée d’étude autour de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes majeurs sortant du dispositif de la protection de l’enfance.

En effet, de nombreuses études, des communications et des travaux de recherche viennent illustrer de façon assez dramatique, que bénéficier d’un soutien et d’un suivi dans le cadre de la protection de l’enfance, n’assure et ne garantit pas naturellement une insertion sociale et professionnelle des mineurs suivis par la protection de l’enfance parvenus à l’âge adulte.

Des dispositifs existent et sont prévus par la loi, des initiatives sont à l’œuvre, mais les constats demeurent accablants, les jeunes adultes issus de la protection de l’enfance éprouvent nombre de difficultés lorsque leur choix de vie ou leur choix professionnel ne rentrent pas dans la temporalité de ces dispositifs.

À y regarder de plus près, on peut s’interroger et se demander si l’ensemble de ces dispositifs est pensé pour venir en réponse aux besoins des jeunes majeurs à un moment crucial pour eux, ou bien s’il revient à ces jeunes majeurs de s’adapter aux limites de ces dispositifs censés être pensés pour eux.

Pourquoi cette interrogation aujourd’hui ?

Pour la simple raison que les mécanismes censés permettre cette insertion sociale et professionnelle sont grippés.

Là où tout devrait être simple et en faveur de ceux pour qui cela est prévu, il apparaît, à la lumière de nombreuses contributions, que tout est compliqué ; ce à quoi se confrontent nos jeunes majeurs, laisse des traces profondes lorsque les dispositifs ne leur viennent pas en aide.

Il est difficile d’admettre que tous les jeunes d’une nation, d’un pays comme la France ne puissent pas avoir les mêmes possibilités et les mêmes perspectives en termes d’avenir, de construction d’un projet de vie tout simplement.

Qu’avons-nous appris au cours de cette journée de la part de nos intervenants ?

  • De l’ONED (l’observatoire de l’enfance en danger) ; Mme Flore CAPELIER, chargée de projet à l’ONED : forte d’une « Synthèse de la littérature internationale et état des lieux national sur l’accompagnement vers l’autonomie des jeunes majeurs » ; qu’il y a urgence et nécessité d’adapter l’offre aux besoins des jeunes majeurs et ce, de manière continue et inscrite dans le temps, pour éviter toute rupture et assurer une cohérence des parcours.
  • Pour la CNAPE (Convention Nationale des Associations de Protection de l’Enfance) ; Mme Fabienne QUIRIAU, Directrice Générale : sur le thème « Les propositions de la CNAPE sur l’accompagnement des           jeunes sortant de la protection de l’enfance » ; la CNAPE, contribue à l’édition d’un rapport et formule des propositions en sept points, qui interrogent l’ensemble des dispositifs. A partir des questions posées, pour la préparation et l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de la protection de l’enfance, l’important est d’éviter la rupture, de préserver de la souplesse et de recueillir les attentes de ces jeunes en matière de besoins.
  • De Mme Perrine ROBIN, Maître de conférences en sciences de l’éducation – Université Paris-Est Créteil Val de Marne ; auteure d’une recherche conduite avec les pairs : «La transition à l’âge adulte après une mesure de protection de l’enfance : une zone de turbulence vue au travers d’une recherche par les pairs » ; lorsque les jeunes interrogent leur parcours, il en ressort que leur parcours s’apparentent à un long parcours de solitude.
  • De l’ADEPAPE (Association Départementale d’Entraide des Personnes Accueillies en Protection de l’Enfance), Mme LE CLEZIO, Directrice adjointe de la Direction Enfance-famille, Conseil Départemental du Finistère, des représentants de l’ADEPAPE & Mme De KEROULAS de France Bénévolat : « L’accompagnement des jeunes à la sortie de la protection de l’enfance : parrainage et aide aux études ».Lorsque les départements évaluent les dispositifs dont ils assurent l’animation et la gestion, ces évaluations contribuent inéluctablement à l’amélioration des politiques ou des dispositifs en faveur des jeunes majeurs et à mieux répondre à leurs attentes.
  • De l’étude croisée des CREAI (Centre Régional d’Études et d’Actions en faveur des personnes en situation de vulnérabilité) Rhône-Alpes et Bretagne: Pascal THEBAULT, Directeur du CREAI de Bretagne : « De l’offre spécialisée au droit commun : éléments d’analyse croisés à partir d’études réalisées en régions Rhône-Alpes et Bretagne en direction des jeunes sortant des dispositifs médico-sociaux », il en ressort que même en situation de handicap, le parcours d’accès à l’autonomie demeure aussi complexe et loin d’être différent.

Quelles perspectives d’amélioration d’une offre de service renouvelée pour nos jeunes majeurs ?

  • Prendre le temps et nous donner les moyens d’écouter les personnes concernées, conformément à une des recommandations des bonnes pratiques professionnelles de l’ANESM qui nous invite à avoir une attention particulière sur l’effet des actions conduites et mises en œuvre auprès des personnes concernées.
  • Mettre concrètement tous les éléments des dispositifs au service des personnes pour lesquelles ils sont pensés.
  • Assurer la promotion et la valorisation de toutes les initiatives et s’autoriser à en évaluer la pertinence et l’efficience.
  • Faire évoluer, réglementairement, l’ensemble des dispositifs en cours, en intégrant les propositions et initiatives, qu’elles émanent d’études, de recherches, des fédérations ou d’associations d’usagers ; il s’agit bien d’assurer et de garantir le même traitement, aux jeunes majeurs, en tout point de notre territoire national.
  • Avoir des dispositifs souples et adaptables en continu, dans une dynamique d’évaluation et d’amélioration continue, parce que le contexte, les environnements des jeunes majeurs bougent et changent en permanence ; d’où cette nécessaire adaptation de notre cadre réglementaire.
  • Enfin, il m’apparaît nécessaire et indispensable que nous assurions et garantissions à chaque jeune accompagné en protection de l’enfance, un parcours sur le mode d’un « Zéro sans solution » (en référence au rapport de Denis PIVETEAU autrement nommé « devoir collectif de permettre un parcours de vie sans rupture pour les personnes en situation de handicap et leurs proches»), dans la réalisation de leur projet d’insertion sociale et professionnelle. Notre enjeu et le défi qui nous attend sont à ce prix.

Information de dernière minute : Le gouvernement va soutenir prochainement « une proposition de loi » visant à permettre de poursuivre, au-delà de l’âge limite de 21 ans, le contrat « jeune majeur » – dont peuvent bénéficier les jeunes passés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) -, pour prolonger ce dispositif jusqu’à la fin du parcours de formation, a annoncé le Président de la République, mercredi 6 mai dernier, au cours d’une rencontre au CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) avec des représentants de la jeunesse.